Si le monde recyclait et compostait plus intelligemment, les émissions de CO2 du secteur des déchets diminueraient de 1,4 milliard de tonnes par an.

Le secteur des déchets est responsable d’un cinquième des émissions mondiales de méthane, un gaz à effet de serre plus nocif que le CO2. Selon un rapport de l’ Alliance mondiale pour les alternatives aux incinérateurs, un organisme de surveillance des déchets qui préconise des alternatives à l’incinération, le secteur pourrait réduire ses émissions de 84 % en recyclant et en compostant mieux. En chiffres, cela représente l’équivalent de 1,4 milliard de tonnes de CO2, soit comme si tous les véhicules des États-Unis cessaient de rouler pendant toute une année. Pourtant, selon l’organisation, les plans climatiques ne prennent pas suffisamment en compte ces méthodes de transformation alternatives.

Une étude a évalué la circularité des économies de l’Union européenne pour voir quels pays étaient prêts pour une économie circulaire. La Belgique figure parmi les premiers de la classe.

Le Rapport d’avancement sur l’économie circulaire de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) et du cabinet de conseil Möbius, publié tous les deux ans, se penche sur cinq indicateurs. Ceux-ci montrent dans quelle mesure l’économie des différents pays de l’Union européenne devient circulaire. Par rapport aux autres États, la Belgique s’en sort particulièrement bien. Par exemple, 23 % des matériaux utilisés dans notre pays sont issus du recyclage. Seuls les Pays-Bas font mieux, avec 30 %. La moyenne européenne est beaucoup plus basse, à 12,8 %. Nous recyclons également davantage de déchets — environ 81 %, contre 55 % dans le reste de l’UE.

Leader en 2030

La Belgique est également plus économe en matériaux : nous sommes en mesure de produire autant avec moins de matériaux. Pour un petit pays, cependant, nous consommons beaucoup de matériaux et produisons beaucoup de déchets. Selon les auteurs du rapport, il s’agit d’une conséquence directe de notre économie orientée vers l’exportation et qui compte de nombreuses activités industrielles grandes consommatrices de matériaux. Mais pour que les comparaisons soient pertinentes, nous devons également examiner la structure des différentes économies.

La FEB fait de la circularité un fer de lance de sa vision d’avenir pour la Belgique. D’ici à 2030, elle entend être leader en matière d’économie circulaire. « Si nous voulons assurer l’avenir de notre pays, nous devons passer à la vitesse supérieure pour maximiser l’impact de la transition circulaire. Nous détenons toutes les clés pour que l’économie belge devienne prospère et résiliente. Mais la route ne sera pas aisée. »

Le gouvernement belge travaille activement à l’instauration d’un indice de réparabilité obligatoire pour les appareils électroniques. Son but : éviter que des appareils soient mis au rebut.

Situation classique : un ordinateur portable, un smartphone ou un lave-linge tombe en panne, mais il n’y a pas de pièces de rechange disponibles ou l’appareil ne peut pas être démonté. Conséquence : de nombreux appareils électroniques finissent prématurément à la poubelle, la demande de métaux rares augmente et les émissions de CO2 perdurent. La ministre de l’Environnement, Zakia Khattabi (Ecolo), veut s’attaquer au problème. Son projet de loi prévoit, à partir de l’année prochaine, l’instauration d’un indice de réparabilité sur chaque appareil électronique, c’est-à-dire un score indiquant dans quelle mesure un appareil peut être réparé ou non. « L’économie circulaire doit devenir la norme », indique Mme Khattabi.

Le facility management englobe toutes les activités de soutien qui permettent à une entreprise de fonctionner. Et aucune entreprise ne peut s’en passer. À cet égard, une approche durable et innovante est nécessaire.

Le facility management (FM) — ou la gestion des installations, en français — renvoie aux activités d’entretien d’une entreprise. Il englobe tout ce qui se passe en coulisses, de l’organisation des rénovations au chauffage en passant par l’éclairage, la ventilation et la sécurité. Si tout se passe bien, il passe inaperçu. Mais si les installations sont mal gérées, voire pas du tout, c’est toute l’entreprise qui s’effondre comme un château de cartes.

Le facility management est par définition tourné vers l’avenir. Il est donc indissociable d’une réflexion durable. Construire un hôpital, par exemple, prend 13 ans en moyenne. « Il faut adopter une approche profondément durable », argumente Henk Vincent, directeur Masterplan Nieuwbouw à l’hôpital VITAZ. « Il faut s’appuyer sur une innovation disruptive, pas sur une technologie éprouvée. »

Pas sexy ? Détrompez-vous !

Une telle approche peut susciter des levées de boucliers. « Il faut évaluer soigneusement le niveau de résistance de la direction », explique Anne Lenaerts, directrice marketing chez Nnof. Elle aborde également d’autres points d’attention. « Un système de management environnemental peut être utile. Appliquez les normes sur le lieu de travail. Faites preuve d’agilité et ne compliquez pas trop les choses. »

Selon Hafsa El-Bazioui, échevine des ressources humaines à Gand, le facility management souffre, à tort, d’une image qui le dessert. « Ce n’est pas un titre très affriolant. Mais pour moi, l’innovation va de pair avec le dynamisme et l’enthousiasme. » Guy Eeckhout, d’Argenx, ne croit pas au FM stratégique en soi. « Il est plus efficace lorsqu’il s’intègre dans une stratégie commerciale plus large. Et la durabilité doit être équilibrée avec d’autres éléments. »

De plus en plus de pêcheurs belges de la mer du Nord ramènent à terre les déchets collectés dans leurs filets, plutôt que de les rejeter par-dessus bord.

En 2016 a été lancé Fishing For Litter, un projet qui encourage les pêcheurs à ramener à terre les déchets qu’ils pêchent, où ils sont ensuite recyclés. Les armateurs participent sur une base volontaire, mais l’enthousiasme est clairement croissant.

En 2017, les navires avaient collecté deux tonnes de déchet. En 2020, ce chiffre était passé à 18 tonnes et a même atteint 65 tonnes en 2021. Le nombre d’armateurs participants est également en hausse. « C’est non seulement une bonne chose pour la mer, mais aussi pour l’image des pêcheurs », a déclaré le ministre de la Mer du Nord, Vincent Van Quickenborne (Open VLD). « Ils contribuent vraiment à embellir la mer. »

Le gouvernement veut mettre en place des incitants fiscaux visant à encourager, tant les entreprises que les particuliers, à installer des bornes de recharge électrique. Cap sur une mobilité plus verte !

La Belgique se veut de plus en plus verte, entendez durable. Dès 2023, les voitures de société roulant aux carburants fossiles ne bénéficieront plus d’avantages fiscaux. Et dès 2026, les seules voitures de société autorisées à rouler sur nos routes devront être électriques. Problème : la Belgique compte encore très peu de bornes de recharge. Il faudrait pourtant qu’il en existe suffisamment pour que l’électrification du parc automobile soit un succès. Plus nombreux seront les garages et parkings équipés de bornes de recharge et moins élevée sera la pression exercée sur les stations installées sur la voie publique. Le gouvernement entend donc encourager fiscalement leur installation. La loi, qui doit encore être votée au Parlement, prévoit que ces incitants fiscaux s’appliqueront aux bornes installées depuis le 1er septembre 2021. Cette mesure sera donc rétroactive.

Déductibilité fiscale à 200 %

Les particuliers bénéficient d’une réduction d’impôts de 45 % sur un prix d’achat plafonné à 1.500 euros. Concrètement : si l’installation coûte 2.000 euros, le subside s’élève à 675 euros (45 % de 1.500 euros). Attention, cet avantage fiscal n’est octroyé que si la borne de recharge utilise de l’électricité verte, produite par des panneaux solaires ou un fournisseur d’énergie verte. En 2023, l’incitant sera réduit à 30 % et en 2024 à 15 %. Il disparaîtra après le 31 août 2024.

Les entreprises peuvent déduire fiscalement 200 % du prix d’une borne de recharge. Pour bénéficier de cette mesure, elles doivent cependant permettre au public d’accéder à leurs bornes (moyennant paiement) durant leurs heures d’ouverture ou de fermeture. Ici aussi, l’avantage diminue au fil du temps : dès 2023, la déduction se limitera à 150 %. En clair, le plus tôt sera le mieux.

Au Portugal, les employeurs ne sont plus autorisés à contacter les membres de leur personnel après les heures de travail. Les salariés ont le droit de se « déconnecter » de leurs activités professionnelles.

La nouvelle réglementation est la réponse donnée par le législateur aux nombreuses plaintes de travailleurs portugais déplorant des atteintes plus fréquentes au respect de leur vie privée. La crise du coronavirus a amené en effet de nombreux salariés à travailler chez eux, ce qui a créé chez beaucoup le sentiment de vivre une journée de travail interminable. « L’employeur doit respecter la vie privée du travailleur, ce qui implique des périodes de repos et du temps pour la famille », expliquent les auteurs de la nouvelle législation. Le législateur portugais a prévu par ailleurs l’obligation pour les employeurs de fournir à leur personnel le matériel nécessaire pour mener à bien leurs tâches professionnelles à la maison, mais aussi de rembourser les coûts supplémentaires, comme l’Internet et l’électricité.

Bruxelles est en train de gagner la bataille contre les mégots de cigarette. En 2020, la ville a recyclé près d’un million de mégots… qui se voient offrir une nouvelle vie au bureau.

Les mégots de cigarette jetés en rue ne constituent pas moins de 30% des déchets sauvages à Bruxelles. Il leur faut une quinzaine d’années pour se décomposer complètement. Un seul mégot rejeté à la mer (en passant par les égouts) pollue jusqu’à 500 litres d’eau. C’est néfaste pour le milieu marin parce qu’un mégot contient 4.000 composants chimiques. Un crève-cœur pour Bruxelles ! La ville a donc renforcé sa lutte contre les mégots, en gonflant les amendes et en plaçant des cendriers aux feux de signalisation. En 2020, Bruxelles a recyclé ainsi plus de 900.000 mégots.

L’entreprise We Circular les purifie et en fait des composants pour mobilier de bureau, comme des horloges, des sous-mains et des cendriers. Elle ne mégote pas sur le recyclage !

Les défis climatiques exigent des actions énergiques. Les bureaux doivent être conçus et construits différemment. Une approche circulaire permettrait déjà d’accomplir de grands progrès.

Actuellement, le secteur de la construction est l’un des plus gros consommateurs d’énergie et de matériaux bruts. Dans l’Union européenne, sa part est estimée à 40% des émissions de CO2 et à près d’un tiers des déchets. Au terme de leur cycle de vie, seuls 40% des déchets de construction sont recyclés et réutilisés. Souvent comme matériaux de moindre valeur, par exemple pour les routes.

Au vu des défis climatiques, il faut repenser tout le processus de construction. Adopter une approche circulaire signifierait déjà un progrès considérable. Dans le secteur de la construction, cette transition se traduit notamment par la revalorisation (« upcycling ») des matériaux, une révision de la chaîne logistique et une collaboration holistique entre les investisseurs, architectes et entreprises de construction.

Hausse de la productivité

Les immeubles du bureau doivent également s’inscrire dans cette évolution. La vie au bureau sortira profondément changée de la crise du Covid-19 : elle sera plus flexible, réservera une plus grande place aux nouveaux espaces de collaboration, favorisera de nouveaux modèles économiques, accroîtra l’efficience énergétique et révolutionnera le mobilier.

Les avantages ne se limitent pas d’ailleurs à l’aspect environnemental. Des études ont montré que les matériaux écologiques sont bons pour le bien-être et peuvent accroître la productivité jusqu’à 10 %. Si l’approche circulaire commence seulement à pénétrer l’environnement de travail, elle deviendra la norme dans les dix ans qui viennent.

Lors de cette table ronde, des spécialistes, dont Anne Lenaerts de Nnof, braquent leurs projecteurs sur la construction circulaire en Wallonie et à Bruxelles.

Dans le cadre d’une expérience à grande échelle, 2.500 Islandais ont réduit leur temps de travail. Ce qui a accru leur bien-être et diminué l’impact écologique.

Entre 2015 et 2019, plus d’un pour cent de la population active a travaillé 36 heures par semaine et non plus 40. En menant cette étude, l’Association for Sustainability and Democracy voulait mesurer l’impact d’un nombre réduit d’heures de travail sur le bien-être et la productivité des travailleurs. Les résultats de cette expérience ont fait l’objet d’un rapport qui a été publié en juin dernier.

Les personnes étudiées ont ressenti moins de stress et ont fait moins de burnout. Et cela sans que leur productivité en souffre. Cerise sur le gâteau : la diminution des activités a également entraîné une réduction de la fréquence de leurs trajets et de leur consommation d’énergie, et donc de leur empreinte écologique. « Un succès sur toute la ligne », selon les chercheurs.